Suivi "Cistude" : Herp'Action
À propos
Le projet vise en la conservation d’espèces locales en déclin, via une lutte de l'extension de l'occupation d’espèces exotiques envahissantes sur le territoire, notamment via la compréhension de leurs interactions, les effets associés, et la gestion d’espèces allochtones (études scientifiques, restauration écologique, etc.).
Il est décliné en deux axes s’articulant sur des suivis écologiques s’inscrivant ainsi dans le cadre des objectifs définis dans le Plan national d’actions (PNA) en faveur de la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) 2020-2029.
Pour atteindre ces objectifs, il s’agira de mener une étude et un suivi de populations de chéloniens autochtones et allochtones, soit les populations de Emys orbicularis et des espèces exotiques (Trachemys scripta ssp., et autres), et de comprendre les interactions entre ces taxons.
Ce projet se décompose en deux actions principales :
- établir, dans un premier temps, l'état initial des populations des chéloniens via un suivi "CMR" (Capture-Marquage-Recapture) sur plusieurs années, puis proposer une gestion des espèces exotiques, afin d'évaluer au mieux l'impact de leur présence sur le milieu sur le long terme, et leurs effets sur la cistude, aussi bien sur son développement, que sur son comportement ;
- analyser, en milieu lothique, les facteurs favorisant ou limitant la dispersion de ces espèces.
Ce projet complétera les données nationales et visera en une préservation et gestion durable des écosystèmes aquatiques.
La Mission
Le projet de suivi des populations de chéloniens (tortues) s'articulent dans le cadre du Plan national d'actions en faveur de la Cistude d'Europe (Emys orbicularis).
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Afin de mieux comprendre les interactions existantes entre la tortue locale et les espèces exotiques, comme la Thrachemys scripta ssp., différentes observations sont réalisés sur deux sites.
Ces observations sont sous la forme de mesure physico-chimiques, ainsi que de relevés biométriques des individus capturés (méthode CMR).
La cistude étant une espèce protégée, toutes manipulations et dérangements ont fait l'objet d'une demande de dérogation auprès des services de l'Etat.
Les Sites
Les actions sont menés sur deux secteurs du Var : le fleuve Argens et les zones humides littorales sur la commune de Hyères.
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Sur le fleuve, aucune manipulation n'est réalisée. Seul le pointage par géolocalisation des animaux et certaines mesures physico-chimiques sont réalisées.
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Sur le secteur de Hyères, les sites d'étude sont représentés par la base aéronautique navale (BAN), et ainsi que la zone humide juxtaposée : Lieurette/Roubaud.
C'est dans ces secteurs que la méthode CMR (capture/marquage/recapture) est appliquée, en limitant le stress et avec les autorisations nécessaires.
La Cistude d'Europe
(Emys orbicularis)
Facilement reconnaissable, on la distingue d'autres espèces par de nombreuses tâches jaunes sur la tête et les membres. Cette petite tortue mesure en moyenne entre 11 et 19 cm (longueur dossière) une fois adulte, pour une masse comprise entre 300 et 1 000 g (les femelles sont plus grosses que les mâles).
Cette tortue est ectotherme, sa température corporelle dépend de la température du milieu. Ces écailles lui servent alors de "panneaux solaires" pour emmagasiner de l'énergie et ainsi s'activer.
Alimentation : Principalement carnivore, puis à tendance omnivore à l’âge adulte, elle se nourrit de petits insectes, larves, poissons, amphibiens, mollusques, ... voire de plantes et de cadavres.
Habitats :
La cistude est une tortue dulçaquicole (eau douce) appréciant les eaux calmes et les berges ensoleillées. On la retrouve sur une grande moitié sud de la métropole dans les rivières, lacs, étangs, mares, cours d'eau temporaires, ou encore dans les canaux le long de salines.
Activité et reproduction : Active de mars à novembre, la reproduction a lieu vers avril, avec une éclosion fin août - début septembre. Cette reproduction intervient sous l’eau. La femelle déposera en moyenne 8 à 9 œufs ensuite dans un sol meuble proche, ou à plusieurs centaines de mètres, d’une zone humide (Vacher & Geniez, 2010).
Fragiles jusqu’à 4 à 5 ans, leur maturité sexuelle est atteinte entre 6 à 12 ans (plus précoce chez les mâles). La température influence le sexe de l’embryon (sous les 29°C se sera un mâle, au-dessus une femelle).
Durant les périodes les plus froides elle entre en hibernation, tandis qu’elle estive durant les périodes de fortes chaleurs. Cela dépend toutefois des conditions météorologiques et climatiques. Ces phases de repos peuvent avoir près d’une zone humide (berges par exemple), ou sous l’eau dans la vase.
Menaces et statut de conservation : L’espèce est menacée par l'introduction d'espèces exotiques, la destruction des milieux et leur pollution, l'arrivée d'agents pathogènes et parasites.
Comme tous les « reptiles », elle est protégée sur le territoire national.
Liste rouge nationale : NT (Quasi-menacée)
Liste rouge régionale PACA : NT (Quasi-menacée)
La Tortue de Floride
(Trachemys scripta ssp.)
La sous-espèce la plus représentée des « tortues de Floride » est la Trachémyde à tempes rouges (Trachemys scripta elegans). Comme les deux autres sous-espèces (T. s. scripta et T. s. troosti), c’est une espèce dulçaquicole ayant des mœurs proches de celles de la cistude d’Europe. Ectotherme, sa température corporelle est dépendante de celle de son environnement. Elle est identifiable grâce aux caractéristiques suivantes : des taches rouges sur les tempes, un plastron jaune tacheté, et une carapace verte à marron, et des yeux verts.
Ces tortues mesurent entre 15 et 25 cm en moyenne (longueur dossière) une fois adulte, pour une masse moyenne comprise entre 400 et plus de 2 500 g (les femelles sont plus grosses que les mâles).
Alimentation : Principalement carnivore, elle se nourrit de poissons, amphibiens, de divers invertébrés terrestres comme aquatique, ainsi que de végétaux.
Habitat : Originaire du Mississipi, la Trachémyde à tempes rouges est une espèce introduite en France.
On la retrouve sur une grande moitié sud de la métropole dans les rivières, lacs, étangs, mares, cours d'eau temporaires, ou encore dans les canaux le long de salines.
Activité et reproduction : Cette espèce est le plus souvent active de mars à novembre, cependant des observations peuvent être réalisées durant l’hiver. Tout comme la cistude, elle a des phases de « repos » durant les périodes de fortes ou de basses températures.
La reproduction a lieu vers au cours du printemps. Le mâle réalise une parade nuptiale appelé titillation. Une fois fécondée, la femelle ensuite va pondre 5 à 20 œufs qui vont éclore 60 à 80 jours plus tard. Les individus sont matures assez rapidement. Les mâles sont sexuellement matures pour une taille de 9-10 cm, et les femelles pour une taille d’environ 15 cm (soit à environ 5 ans).
Menace et protection : Il s’agit d’une espèce dite « exotique envahissante » (ou anciennement classée sous l’ancien terme « nuisible »).
Longtemps vendue en animalerie, ou encore dans les foires de fêtes foraines, sa commercialisation est interdite depuis la fin des années 90’ (4 238 809 individus importés entre les années 1985 et 1994 – PNA Cistude 2020-2029 ; Vacher & Geniez, 2010). Présente aujourd’hui sur la quasi-totalité du territoire métropolitain et en Corse. Sa présence est considérée comme problématique pour l’équilibre des écosystèmes aquatiques, aussi bien sur les ressources halieutiques, que sur la compétition possible avec la cistude.
Leur présence sur les mêmes sites d’alimentation, de thermorégulation (« basking »), d’estive, d’hivernation, ou de reproduction, couplée à leur maturité sexuelle plus précoce et un régime alimentaire similaire, en font des animaux pouvant facilement entrer en compétition avec les autres espèces de tortues dulçaquicoles (aussi bien sur le territoire, que dans d’autres régions du monde dont elles ne sont pas natives).